- Ecrit par Charlotte (dédié à Lily, la seule et l'unique ...):
Lily sans nom
Lily sans nom vivait dans la montagne, isolée du reste du monde, avec pour seule compagnie un troupeau de chèvres unijambistes. Elle cultivait avec amour un potager de poireaux nains, et rien ne la comblait davantage que la vue des forêts de sapins qui peuplaient les alentours.
Autrefois elle rêvait d'être funambule ou taxidermiste, mais la vie vous joue de ces tours parfois ...
Elle était aussi phobique des orthodontistes et ressentait une violente aversion pour le beurre de cacahuète. Mais surtout, Lily avait un secret, bien gardé : une chrysalide étrange dans laquelle elle se glissait chaque nuit, et qui lui donnait le pouvoir de l'immortalité.
Cependant, les années passant, une douce lassitude l'envahissait, et bientôt elle songea à trouver d'autres racines que celles, terrestres, auxquelles elle s'accrochait depuis tant d'années. Elle aussi devait connaître la vieillesse un jour, songeait-elle, pour ressentir la joie d'avoir vécu …
Un beau matin, se promenant aux alentours de la ville elle découvrit dans une poubelle un oiseau tout chétif et fort mal en point, devenu le martyr de ses propres frères parce qu'il était différent d'eux : quelques plumes blanches ornaient ses ailes, au contraire des autres dont le plumage était d'un noir absolu et uniforme.
Elle le recueillit et s'en fit un compagnon, puis un soir, l'oiseau posé sur son épaule, elle se glissa une dernière fois dans la chrysalide pour contempler le ciel.
Dis l'oiseau, es-tu volontaire pour m'accompagner ? Murmura-t-elle.
Elle attendit un moment encore, puis, lorsqu'elle sentit que le moment était venu, doucement elle ferma les yeux et se laissa glisser sans bruit hors de la chrysalide. L'oiseau veillait sur elle, tranquille.
Le ciel était plein d'une couleur étrange ce soir-là : des vagues de souvenirs, des regrets qui s'étirent et des songes impénétrables ...La couleur du temps qui passe.
Au matin il ne restait plus rien, ni personne. L'oiseau s'était envolé avec elle …
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- Ecrit par Line:
Louis était un volontaire.
Une cellule du CNRS avait décidé de faire des expérience sur la vieillesse et il avait décidé d'être volontaire.
Louis détestait la vieillesse, ce fléau de l'homme qui enlève en vous votre force, vos couleurs, votre enfance, qu enlève de vous tout ce que vous êtes et vous fait mourir à petit feu.
Il faut dire que la vie de Louis ne fût pas des plus calmes : funambule au plus jeune âge, il grimpait au cimes des sapins dans son village natal, escaladait les parois rocheuses, courait dans les grands champs de fleurs et riait.
Ça oui, il riait lorsqu'il était jeune. Il était courageux et fougueux, plein d'énergie, bravant tous les obstacles, toutes les craintes dans l'innocence de l'enfance.
Il se trouvait dans la chrysalide du monde des pirates, protégé de la triste réalité.
Il était amoureux, de Lily.
Tous les deux, ils s'en inventaient des histoires, des jeux. La vie était une perpetuelle tornade d'éclats de rires, de pleurs, de rêves et d'aventure et de beurre de cacahuète. Ils se prenaient pour Peter Pan et Wendy.
Et Louis a grandit, comme chaque enfant grandit, et il a apprit la vie de jeune homme, la vie d'adulte, la vie de martyr. On lui a apprit a bien se tenir, à mentir, à ne pas rire fort, à ne pas grimper car c'est dangereux, on lui à apprit l'obéissance, la politesse, le respect, le calme. On lui a apprit a détruire les rêves qu'il avait construit. On lui a apprit a rester sur terre et arrêter de rêver. On lui a apprit à cacher sa joie et à être un homme.
Mais Louis n'accepta pas cet apprentissage, il continua à être un enfant, à jouer, à inventer, à créer, à faire comme si.
Et Lily est partie.
Partie parce qu'elle ne supportait pas le caractère impudent de cet enfant. Parce qu'elle avait grandit et que tout ces jeux et ces aventures la fatiguaient. Parce qu'elle ne supportait plus le regard des gens dans la rue quand en se promenant avec Louis il faisait la marelle ou grimpait au lampadaire, parce qu'elle ne supportait plus en présence d'amis que Louis dise des choses vraies mais blessantes et mange avec les doigts. Parce qu'elle ne supportait plus cette vie là. Parce que c'était trop lourd à porter, trop fatiguant.
Et Louis a vécu une vie fade, sans couleur, une vie à jeter à la poubelle. Et maintenant, dans la vieilesse, il pense.
Il pense à lui, au vrai lui, au vrai Louis. Il pense à Lili. Il pense à tout ce qu'il a perdu en n'acceptant pas de grandir.
Il pense à tout ce qu'il a perdu à cause de la vieillesse.
Alors il part, pour cette étude du CNRS. On va se servir du génome pour régénérer ces cellules. Il va rester longtemps dans un coma artificiel et en hibernation et pourra ne pas se réveiller de ce lourd sommeil.
Mais tout cela en vaut le coup, rajeunir, pour pouvoir vivre enfin.
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Ecrit par [vous!] : A suivre...